Dans un numéro ancien du magazine municipal, Lucienne Auclair-Stoffel donnait un long article très intéressant sur le passé d'Écoche en y mêlant ses impressions et souvenirs personnels. Elle écrivait dans un raccourci qui sonnait comme un regret qu'à Écoche, nous étions passés de la vigne au douglas. Cela traduit effectivement un ressenti des autochtones car le douglas est très présent depuis les années 1960.

Mais il n'a en fait pas du tout été planté sur des terrains viticoles : on le trouve principalement sur les hauteurs, sur des terrains acides, souvent à la place de taillis, mais aussi sur des terres qui jadis purent être cultivées (pomme de terre, topinambours, seigle) sans véritable rendement et souvent exposées au Nord. Il est vrai que si les agriculteurs au milieu des années 1960 n'avaient pas adopté un "plan de reboisement", les propriétaires urbains héritiers d'une petite parcelle familiale eussent tôt fait de planter des douglas vu que l'on évoquait une rentabilité assurée dès quarante ans.

Certaines maisons s'étant retrouvées encerclées de plantation ont pu disparaître (Rottecorde, Haut Berthillot, Haut But...) mais les terrains viticoles ont plutôt été remplacés par des prairies (dominantes aujourd'hui) après passage par des terres cultivées, parfois par des terrains constructibles....

 

Les bois s'approchent de la salle des sports mais ils étaient là sur la Roche Cervière bien avant la salle des sports ; par contre la petite prairie en-dessous a pu être une parcelle de vigne.

En Haut Berthillot en revanche, la croix est cernée et les maisons proches ont disparu (sauf une)


Boisement, déboisement et reboisement : l'activité forestière (Haut Berthillot)


Cheminer en forêt (en-dessous de la Bûche)


Quelques remarques sur le douglas :

Dans un numéro du journal Le bien Public, octobre 2016 :

 

Il a vite été apprécié par les sylviculteurs car il semblait posséder toutes les qualités : croissance rapide, tolérance des milieux pauvres, peu de parasites, bois de qualité…Il est ainsi devenu une essence de premier choix pour le reboisement.

 

Le Douglas a un défaut : il peut acidifier les sols. Le phénomène n’est pas dû à son humus, qui se dégrade bien, mais au fait que cet arbre favorise la production de nitrates. En trop grande quantité, ceux-ci ne peuvent être tous immobilisés dans l’écosystème et provoquent l’acidification du milieu. Cela conduit à un appauvrissement et à un déséquilibre de la vie du sol, qui réduit la production de bois.

 

Et outre le risque de pollution des eaux de surface par les nitrates, en réaction à l’acidification, le sol libère de l’aluminium qui peut aussi contaminer l’eau. De plus, bien que le Douglas soit plus frugal qu’un feuillu, il pousse vite et produit beaucoup, ce qui le fait consommer davantage dans un laps de temps court.

 

Lorsqu’on prélève des arbres jeunes, comme l’incitent à faire certaines scieries, le bois est plus concentré en éléments minéraux qu’un arbre âgé. En les coupant, on confisque au milieu beaucoup d’éléments nutritifs qui ne seront pas restitués et ne pourront donc pas alimenter le sol pour les plantations à venir.

 

L’enjeu est de s’inscrire dans une gestion durable de la ressource bois. Si un Douglas peut produire 15 m³ de bois par hectare et par an, c’est parce qu’il utilise les richesses passées du sol, offertes par la présence antérieure de feuillus. Cette capacité du sol s’épuise si elle n’est pas prise en compte. Il est préférable de récolter des Douglas d’un âge supérieur à 60 ans et de les écorcer sur le site, car l’écorce contient 25 % de l’azote de l’arbre ! Les éléments utiles sont ainsi en partie restitués au sol.

 

Laisser sur place les rémanents, c’est-à-dire les restes d’arbres coupés non utilisés, sert également d’engrais naturel pour permettre une régénération de la fertilité. Des amendements à base de calcium et magnésium, issus de carrières, peuvent redynamiser efficacement la biologie du sol. Les pistes sont aussi à chercher du côté de l’agroforesterie, qui mélange sylviculture et agriculture, ou de la plantation d’îlots de feuillus aux côtés des résineux.

 

On peut aussi extraire d'un texte de 2002 destiné aux forestiers, ce passage :

Le douglas est un matériau qui se travaille bien et se prête à des utilisations aussi diverses qu’inattendues. Il est l’un des principaux bois de construction utilisé dans le monde pour ses qualités mécaniques et esthétiques. Si, dans le domaine architectural, il permet d’imaginer toutes sortes de structures, dans le domaine de la menuiserie, de l’ameublement ou de l’agencement intérieur, ses qualités esthétiques offrent de nombreuses applications. Matériau polyvalent, le bois du douglas peut être destiné à de multiples usages. Les plus belles billes sont réservées pour la fabrication de panneaux contreplaqués et de feuillets de placages.