Après la seconde guerre mondiale, au monument aux morts d’Écoche on a rajouté une belle plaque où sont inscrits deux noms : celui de l’Abbé Larue, fusillé par les nazis en 1944, et celui de Francisque Lafond décédé en septembre 1940. Mais quatre-vingts ans plus tard les Écochois ignorent tout de cet homme.

Il faudrait savoir pour quelle raison il a été honoré. Des recherches sont nécessaires. En attendant les réponses, on en sait un peu plus sur sa vie avant 1939.

Il est né à Mars, au village des Chézos (proche à la fois d’Arcinges et d’Écoche) le 18 février 1900 dans la ferme  de ses parents, ferme que son grand père né à Écoche avait exploitée après son mariage avec Rose Vadon.

A 18 ans il est garçon boucher à Thizy. Il épouse le 17 juillet 1918 à Cours Marie Jeanne Soubrane, 20 ans, cardeuse, fille d’un cordonnier du quartier Canet et originaire de Corrèze ; elle-même était née le 11 novembre 1798 à Chanac-le-mines.

En septembre 1919 ils sont domiciliés à Bourg de Thizy et un fils, Joannès Marius y voit le jour.

Quelque temps plus tard, au recensement de 1936 Francisque Lafond, sans doute veuf, travaille à la carrière Chignier de Cadolon et demeure au village Juin d’Écoche. Il vit avec son fils Joannès, et en ménage avec Virginie Trichard, elle-même veuve de Claude Dumoulin décédé à Volaille (Belmont) dès 1922. Vit aussi dans le foyer la fille Dumoulin, Simone Annette née en 21. Cette Simone se marie en 1942 à Écoche ; son mari est Marius Thivend des Bruyères ; mariage de courte durée puisqu’elle meurt en 1950 à 29 ans.

Francisque, quant à lui, décède à Dijon le 5 septembre 1940, il a alors 40 ans. Sans doute des suites de blessures de guerre  Comment à 40 ans a-t-il été combattant ? Le compte-rendu du conseil municipal qui décide de l’honorer est à retrouver.

Son père avait dû se rapprocher de lui, puisqu’il meurt en 1941 à Cadolon (sur Saint-Igny). Sa compagne Virginie née à Saint Bonnet des Bruyères se remarie en 1958 à Belmont avec Jacques Montet. Elle décède à Cours le 30 septembre 1986 à l’âge de 91 ans

Bref quarante années d’une vie bien mouvementée.

Mort à Dijon ? Peut-être parce que prisonnier de guerre au Frantstalag de Dijon Longvic. Extrait du témoignage de Germaine l'Herbier-Montagnon, de la Croix rouge française :

 

  " Ayant dirigé, depuis octobre 1939, la Section IPSA des "Prisonniers de l'Armée de l'Air", je pensais tout naturellement à me mettre au service des camps. Je débutais en mission ambulancière, en juillet 1940, au camp de Longvic, près de Dijon, où 35000 prisonniers étaient rassemblés provisoirement dans des casernements prévus pour 3 000 hommes. Ils étaient couchés, harassés, à même le sol, se protégeant du soleil torride de juillet sous des tentes improvisées, faites de loques attachées ensemble. Quand nous passions parmi eux, secourables, certains avaient à peine le courage de tourner leur regard vers nous.  C'était le temps de la dysenterie; inévitable compagne des armées épuisées, où les vivants étaient en déroute parmi les cadavres, sous la chaleur de l'été. Dans les longues "tranchées feuillées", des centaines de prisonniers étaient accroupis, les mains sur leurs ventres en feu, certains s'écroulaient ainsi, morts.   Les missions CRF apportaient les remèdes d'urgence (…)."